Stress et conditions de travail

Mise à mort du travail...ou de l'organisation ?

26 oct 2009

Il n’est pas question de se désintéresser des personnes, bien au contraire, mais de comprendre que quand les personnes souffrent ce sont les organisations qu’il faut guérir. Notre dossier.


Différentes tragédies défrayrent la chronique. Passé le premier choc, les collègues, la hiérarchie tentent de comprendre. On cherche des problèmes personnels, et souvent on en trouve. Mais bien vite on doit admettre que si un salarié se suicide sur son lieu de travail, c’est qu’il dit quelque chose de son travail. La tentation alors est de mettre en cause les personnes, de s’interroger sur les violences et les brimades, sur un éventuel harcèlement ; et là aussi, en cherchant bien on finit généralement par trouver. Mais on s’aperçoit que les explications personnelles ne disent pas tout. Il faut alors revenir aux fondamentaux, si l’on veut se donner une chance de comprendre et donc de prévenir ce que l’on nomme pudiquement les « risques psychosociaux », violences et suicides au premier chef. Les fondamentaux, ce ne sont pas des histoires personnelles, même si elles affectent les personnes.

Ce qu’il faut interroger, c’est l’organisation du travail, les conditions dans lesquelles ce travail est accompli, le sens qui lui est donné, les marges de manœuvre qui peuvent exister. C’est dans un ensemble de conditions objectives que se nouent les drames et les tensions qui affectent aujourd’hui le monde du travail. C’est ici que le syndicalisme peut et doit jouer un rôle. Car en confiant le soin des « victimes » à des thérapeutes ou à des juges, en utilisant le langage de la souffrance et de la psychologie, celui du coupable et de la victime, on court le risque d’isoler les personnes. On les enferme dans un statut, dans une image, qui les séparent de la communauté de travail. Dès lors, le seul espace qui leur reste, hors la solitude de celui qui souffre, c’est une communauté des victimes, dérisoire et enfermante. Comment ne pas voir qu’il est au contraire essentiel de sortir les salariés de l’isolement et de la souffrance personnelle, en mettant au jour la dimension collective des problèmes qui les affectent ? Il n’est pas question de se désintéresser des personnes, bien au contraire, mais de comprendre que quand les personnes souffrent ce sont les organisations qu’il faut guérir.