Numérique et télétravail

Nomadisme et dépendance : des pratiques professionnelles reconfigurées

30 mar 2012

Les impacts des TNIC sur le travail des cadres sont considérables.


L’usage des technologies numériques de l’information et de la communication (TNIC) conduit à une reconfiguration des pratiques professionnelles et, par voie de conséquence, à une redéfinition des contours des métiers et des compétences. Si les TNIC permettent d’envisager un enrichissement et une « sophistication » de l’activité professionnelle du cadre, les diverses transformations génèrent aussi de nouvelles contraintes, parfois lourdes, sur l’exercice de leur activité et sur leurs conditions de travail. Ces transformations ont donné naissance à de nouveaux profils de professionnels, marqués par la pratique croissante du nomadisme et une dépendance extrême à ces outils.

Dans cet environnement technologique omniprésent, le cadre doit apprendre à gérer cette visibilité excessive en trichant ou en contournant ces outils, au risque non seulement de ne plus être joignable ou de passer à côté d’informations essentielles et stratégiques ; mais aussi de ne pas respecter les règles inhérentes à sa fonction et d’en subir les conséquences. L’enjeu n’est plus de faire circuler un flux informationnel, mais de le rendre pertinent, de l’enrichir, de le filtrer pour les acteurs-collaborateurs en situation de collaboration/coopération. Ce qui est rarement le cas.

Les objets-frontière (ordinateur portable, smartphone, Clef 3G, GPS) mélangent usages professionnels et personnels, et rendent propice le débordement du temps de travail sur la sphère privée. La dimension collective, les relations interpersonnelles, pourtant si essentielles au travail et à l’équilibre psychosocial du salarié, peuvent se trouver altérées. La déconnexion volontaire s’avère donc indispensable pour se protéger des excès de l’intrusion technique et pour s’accorder un peu de temps à soi et à sa famille. Mais ce choix peut aussi se révéler coûteux et difficile à assumer dans la mesure où il peut paradoxalement remettre en cause la qualité du travail attendu (être disponible, accessible, réactif…). Il convient dès lors de s’interroger sur les mesures que doivent mettre en place les organisations pour limiter les effets potentiellement délétères de ces outils et ré-associer les salariés à leur développement. Ce serait d’ailleurs là une opportunité pour rediscuter collectivement du travail à faire.

 

Sur le même sujet

Les 12 conditions pour réussir le télétravail

Le mail demande 2 heures de travail par jour

 

Télécharger l’article de Marc-Éric Bobillier-Chaumon à paraître dans Cadres CFDT n°448 Opportunités numériques, avril 2012