Jeunes et stagiaires

[APEC] Quoi de neuf pour les Jeunes diplômés 2018 ?

02 juin 2020

La CFDT Cadres propose une lecture du dernier baromètre APEC, avec un zoom sur la situation des jeunes diplômés 2018 et l'apparition de situations diversifiées.


Au-delà des grands indicateurs classiques d’insertion des jeunes diplômés, l’enquête APEC dévoile de nouveaux aspects de la situation de travail en TPE-PME et révèle une insertion précaire massive (CDD, intérim, travailleur indépendant).

 

Baromètre 2020 de l'insertion des jeunes diplomé·e·s48 % des jeunes diplômés dans LES PETITES ENTREPRISES avec UN recrutement PLUS OUVERT

48 % des jeunes diplômé·e·s en emploi travaillent dans les TPE (moins de 10 salarié·e·s) et PME (moins de 250 salarié·e·s), tandis que les plus grandes, ETI (250 à moins de 5 000 salarié·e·s) et GE (plus de 5 000 salarié·e·s), rassemblent 52 % des diplômé·e·s en emploi. 

Le profil des jeunes employé·e·s par ces deux grandes catégories d’entreprises présente des différences notables, traduisant des modes de recrutement contrastés. 

Ainsi, les petites entreprises se caractérisent par un recrutement plus ouvert en termes de diplôme : 71 % des jeunes qu’elles ont embauché.e.s sont titulaires d’un diplôme universitaire (dont 59 % master et 12 % doctorat), contre 63 % seulement dans les entreprises plus grandes (dont 55 % master et 8 % doctorat). Ces dernières se concentrent davantage sur les diplômes des écoles d’ingénieurs et de commerce.

Cette différence se retrouve dans le poids plus marqué qu’y représentent les diplômé·e·s en sciences technologiques (34 %, contre 21 % dans les TPE-PME) ainsi qu’en droit-économie-gestion (44 % contre 40 %). 

Les modes de fonctionnement différents induits par les différences de taille se reflètent aussi dans les fonctions occupées. Dans les TPE-PME, davantage de diplômé·e·s occupent des postes dans les fonctions commercial-marketing (20 %, contre 15 % dans les entreprises plus grandes) et communication-création (10 % contre 5 %). Inversement, et de façon cohérente avec ce qui a été observé sur les diplômes, les ETI et GE les recrutent davantage dans les fonctions techniques : 32 % des jeunes y sont en emploi dans les fonctions études-R&D, production industrielle ou services techniques , contre 21 % dans les entreprises plus petites.

"Les sept situations stratégiques des PME françaises"  (larevuecadres.fr)


Des facteurs de fragilité qui diffèrent entre petites et grandes entreprises

Les jeunes en emploi dans les petites entreprises ont davantage connu un début de parcours fragmenté : 22 % (contre 18 % en ETI-GE) ont occupé deux emplois ou plus pendant les 12 mois suivant l’obtention de leur diplôme, alors qu’ils sont nettement plus nombreux dans les entreprises plus grandes à occuper toujours leur premier emploi, et particulièrement dans les GE de 5 000 salariés ou plus (86 %).

Les entreprises de plus grande taille assurent à leurs jeunes recrues en début de carrière des conditions plus satisfaisantes qui les incitent davantage à s’y stabiliser. De fait, le temps partiel, quoique minoritaire dans tous les cas, est davantage pratiqué dans les TPE et PME. L’accès au statut de cadre y est moins fréquent et, corollairement, la rémunération y est moins élevée. La situation de ces diplômé·e·s est donc marquée par une moindre tendance à la stabilité qui est de nature à les fragiliser, d’autant que leur entrée relativement récente dans l’entreprise peut les désigner comme les personnes dont celle-ci se séparerait en premier.

Si, en revanche, les petites entreprises semblent plus enclines que les plus grandes à accorder des contrats stables, il faut noter que cette différence, très nette pour les postes non cadres (15 points d’écart entre les TPE-PME et les ETI-GE), l’est beaucoup moins pour les postes cadres (5 points d’écart seulement). 

Cela suggère un usage différencié des contrats temporaires entre grandes et petites entreprises. Pour les premières, ces contrats semblent davantage faire figure de première étape, permettant une sorte de période d’essai prolongée avant une embauche stable. En revanche, les secondes semblent les réserver plutôt à des postes moins qualifiés ; le CDI, au contraire, leur permet de sécuriser le recrutement de jeunes dont les compétences spécifiques peuvent être difficiles à trouver sur le marché, d’autant qu’elles n’ont que peu de temps et de ressources à consacrer à leur recherche. C’est donc du côté des grandes entreprises, cette fois, que l’on voit apparaître un autre facteur de fragilité dans l’emploi des jeunes diplômé·e·s.


6 à 7 % des jeunes diplômés travailleurs indépendants et 31 % en contrats courts

31 % des diplômé.e.s 2018 actuellement en poste ont un contrat de travail non pérenne (CDD ou contrat d’intérim) et 43 % n’ont pas le statut de cadre 1 diplômé sur 5 interrogé qualifie son emploi actuel de « job alimentaire ».

Pour une première fois, l’enquête APEC identifie la part des jeunes diplômés au travail qui ont le statut d’indépendants : ils sont 6 % parmi les diplômés Bac+5 et 7 % parmi les diplômés Bac +3/4 sans que l’on sache s’il s’agit d’un choix ou d’une nécessité 

Points de suspension(s) · "Episode #9 - Léonie Hénaut, sociologue du travail" (unedic.org)

 

 

Pour conclure sa note, l’APEC apporte des éléments factuels sur l’évolution des offres d’emploi pour les jeunes diplômés depuis le début de la crise sanitaire qui marque une très forte baisse (- 69 %).

Face à cette crise, diverses mesures doivent être recherchées pour ne pas laisser sur le bord de la touche la génération des diplômés 2020 (et ceux des générations précédentes qui sont hors emploi, ainsi les 15 % de la promo 2018 sans emploi au moment de l’enquête APEC).

"Déconfinement: gare à 'l'abandon de la jeunesse', alerte Berger" (huffingtonpost.fr)

Concernant les travailleurs indépendants, la CFDT a mis sur pied l’association Union-Indépendants pour rassembler les travailleurs indépendants, construire et porter avec deux des revendications.

Le site de la plateforme union-independants.fr : "Professionnels, indépendants : défendre vos droits,vous accompagner au quotidien"


par Laurent Mahieu, Secrétaire général CFDT Cadres

 

 

+ d'infos

Covid-19 et insertion professionnelle des jeunes diplômé.e.s (apec.fr)

Baromètre 2020 de l'insertion des jeunes diplômé·e·s (PDF)

 

Illustration : Apec