Fonctions publiques et réformes

Quand ministère rime encore avec plafond de verre

29 oct 2014

Une enquête pour la DGAFP dans les ministères sociaux, économiques et financiers.

La fonction publique apparaît au premier abord comme un contexte a priori plus égalitaire et donc propice aux carrières des femmes, en raison des règles qui encadrent le recrutement, les rémunérations et la promotion professionnelle. En pratique, elle n’offrerait guère les mêmes opportunités professionnelles aux deux sexes. Si les femmes représentent aujourd’hui presque la moitié (45%) des cadres A de la fonction publique d’État (hors enseignants, militaires et magistrats), un taux quasiment deux fois plus élevé que le taux de féminisation des cadres du privé (environ 25%), ce taux doit être mis en rapport avec la féminisation massive de la fonction publique.  En dépit de lois et des mesures pour l’égalité professionnelle pour accroître la part des femmes dans la haute fonction publique et dans les jurys de concours, l’enquête auprès de cadres supérieur(es) et dirigeant(es) de la fonction publique d’État confirme l’existence d’un plafond de verre dans chacune des quatre directions générales étudiées, relevant des ministères sociaux et des ministères économiques et financiers.

« Si la politique volontariste engagée à Bercy a pu entraîner des nominations féminines à de hautes responsabilités de l’administration centrale, la majorité des postes d’encadrement reste occupée par des hommes, de manière encore plus marquée dans les services déconcentrés » relève l’étude. Les directions générales des ministères sociaux, dont les missions sont plus connotées au féminin que celles de Bercy et qui comptent plus de femmes dans le vivier des cadres A, n’échappent pas non plus à ce mécanisme de disparition des femmes dans les hautes sphères. L’enquête permet de mieux comprendre les causes des blocages des carrières des femmes et les moments et les lieux où ils sont les plus importants. Ce processus est le plus souvent observé dans sa dernière étape, soit en haut de la pyramide.

L’enquête étudie les trajectoires professionnelles, mais aussi familiales et conjugales d’hommes et de femmes en les restituant dans leurs contextes professionnels. Quatre grands types de parcours permettant d’accéder, plus ou moins rapidement, aux positions de cadres supérieur(es) et dirigeant(es) des directions générales étudiées ont été repérés : le « parcours chic » passant par l’Ena, le passage par le « TourEx » (qui permet aux non énarques, principalement des attachés principaux de rejoindre le corps des administrateurs civils), le « carrière-maison » (promotions internes au sein des services déconcentrés) et un quatrième parcours plus hétérogène.

« Les résultats les plus saillants de l’enquête sur les modalités d’entrée et de maintien des enquêtés dans ces différents parcours portent sur le poids de la famille d’origine, le clivage déterminant entre énarques et non énarques, les normes de travail et de carrière apparemment neutres mais qui défavorisent les femmes, une « conciliation » travail- famille beaucoup moins problématique pour les hommes que pour les femmes et une croyance largement partagée dans le caractère moins discriminant pour les femmes de la fonction publique (par rapport au secteur privé) » conclue l’étude.

 

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