Temps et charge de travail

Touche pas à ma RTT 10 ans après

22 jan 2010

Bousculé mais intact, le deal des RTT - parce que les cadres ne comptent pas leurs heures - tient bon. Et plus de 60 % d'entre eux déclarent que la RTT n’est pas un handicap pour les entreprises.


Pour 53% des personnes interrogées, les 35 heures ne sont pas un handicap pour les entreprises françaises. "Martine Aubry peut jubiler, au moment de l’anniversaire des 10 ans des 35 heures" fait remarquer l'institut BVA dans son baromêtre de l'économie publié le 12 janvier 2010. Après 7 ans d’acharnement du gouvernement et 6 ou 7 lois visant à détricoter la réduction du temps de travail, des discours récurrents du patronat sur le même thème, les 35 heures sont toujours plébiscitées par les salariés pour eux-mêmes et ne sont pas considérée comme un handicap pour leur entreprise (la notion même a été effacée du code du travail).  C’est vrai pour l’ensemble des salariés qui parlent (vs les retraités). Ça l’est davantage encore par pour les cadres et les salariés de moins de 35 ans, par ceux qui ont à mettre au point les organisations du travail et qui peuvent ainsi adapter leurs modes de vie avec plus de facilité et tirer partie des nouvelles souplesses (forfait annuel en jour) et nouvelles respirations (les journées de repos RTT). Dès lors que le forfait n’est plus respecté par l’employeur (suppression des latitudes organisationnelles) ou et que la prise des jours de récupération est empêchée, c’est tout l’équilibre personnel qui est rompu et, partant, l’engagement dans le travail qui s’en ressent. « Touche pas à ma RTT » avons-nous clamé durant l’été 2008. C’est bien, en résumé, le message des cadres et des jeunes.

 

La RTT bousculée

 La loi du 20 août 2008, dernier avatar du « travailler plus pour gagner plus » a fait l’objet d’une mobilisation soutenue de la CFDT Cadres en juin et juillet 2008 autour du slogan « Touche pas à mes RTT », à l’appui notamment des revendications des cadres ayant participé à la recherche-action. La CFDT Cadres a été fortement sollicitée par les médias et ses messages ont été bien repris, dans une période de désinformation. Cette loi s’est accompagnée d’une communication gouvernementale extrêmement pernicieuse (235 jours c’est mieux que 282, par exemple ; la suppression de la notion de « réduction du temps de travail ») et d’un discours ministériel de « libération du travail », comme si le travail des cadres n’avait pas déjà dépassé en durée beaucoup de bornes raisonnables.

Cette loi n’a pas entraîné de renégociation massive même si elle ouvre tout grand les portes du forfait annuel en jours à un maximum de salariés ; pour les autres salariés, la dérégulation est aussi en marche ; pour tous, c’est la norme de l’entreprise avant celle de la branche ainsi que le développement du gré à gré.

Concernant le forfait annuel en jour, la loi introduit quelques garde-fous : le seuil de 218 jours maximum reste la règle et nécessite un accord collectif. Travailler plus de jours est possible, mais dans le gré à gré, sans aller au-delà de 235. La majoration de 10 % du salaire pour ces jours supplémentaires est un minimum. Elle prévoit un nouvel entretien annuel qui doit permettre de trouver le bon réglage entre charge, organisation du travail, rémunération et équilibre vie professionnelle - vie personnelle.  Cependant, le contexte de crise remet en tension les « 35 heures » qui permettent par exemple de reporter de quelques mois le chômage partiel. La RTT joue ici un réel effet d’amortisseur social.