Gouvernance et compétitivité

Productivité et compétitivité : les causes d'un ralentissement

30 aoû 2019

La qualité du dialogue social au sein des entreprises françaises, un frein à la mise en œuvre de meilleures pratiques managériales selon la CFDT.


Productivité et compétitivité au ralenti ?
Et si l’on s’intéressait au management et aux compétences

Dans son premier rapport d’avril 2019, le Conseil national de productivité (CNP), propose une analyse approfondie des évolutions et déterminants de la productivité et de la compétitivité en France au sein de la zone euro. Il s’intéresse notamment aux causes de son ralentissement depuis plus de 20 ans.


ContributionCNP_CFDTLa CFDT a produit une contribution à ce premier rapport, sous la plume de Emmanuel Couvreur, ancien membre du conseil d'administration de la Fondation de Dublin.

  • La contribution CFDT est publique. En voici quelques extraits significatifs pour les cadres et les syndicalistes : 

Le rapport pointe de façon très explicite l’insuffisante qualité du management et des pratiques organisationnelles qui correspondent à une part substantielle des écarts de productivité entre pays ou entre entreprises.

« Plusieurs dimensions d’un management efficace sont mises en avant par les études récentes :

1. Capacité à évaluer et à superviser la performance ainsi qu’à améliorer les procédés existants ;
2. Capacité à fixer des objectifs adéquats, à les respecter et à modifier la stratégie en cas d’incohérence entre objectifs et résultats ;
3. Capacité à décentraliser le processus de décision, à autonomiser les salariés et à les faire travailler en équipe ;
4. Capacité à utiliser au mieux les ressources humaines en mettant en place des systèmes d’incitation à la performance et de promotion des talents. » 


  • L’indicateur synthétique du World Management Survey place la France assez loin derrière les économies anglo-saxonnes, l’Allemagne et les pays nordiques. Les enquêtes de la Fondation de Dublin notamment sur les Conditions de travail et sur les Entreprises établissent un lien fort entre faible autonomie/organisation du travail pauvre et management vertical. Ainsi la France apparaît en 29ème position sur 34 pays enquêtés à la question : « Etes-vous informés, consultés ou concertés en cas d’évolution ou de changement dans l’organisation de votre travail ? ». France Stratégie dans une étude menée en 2016, démontre des gains de performance de 20 % supérieurs dans les entreprises qui anticipent leur gestion de compétences avec un accès important à la formation et développent un management participatif avec un travail en équipe.
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  • En tant qu’ancien membre du Conseil d’Administration de la Fondation de Dublin au titre des syndicats français de 2010 à 2016, j’ai pu faire le constat que les pays les plus performants en termes d’emploi et de conditions de travail étaient aussi les pays ayant le plus fort dialogue social. Dit autrement, la mauvaise qualité des relations sociales et cette incapacité à se faire confiance réduisent fortement les possibilités de coopération et la mise en œuvre de meilleures pratiques managériales en France.

[..]

  • Le manque de dialogue social est à l’image du management d’un certain nombre d’entreprises qui continuent à privilégier un management vertical, une vision court-termiste et une mise en concurrence des salariés contraints à vivre des tensions et à venir travailler pour certains avec la boule au ventre.

[..]

  • Quelle efficacité pourrions-nous obtenir si les salariés étaient un peu plus autonomes et à l’initiative dans leur travail ? Les fameuses compétences comportementales évoquées dans le rapport ne sont que très rarement abordées et valorisées en tant que telles comme sources d’efficacité et d’émancipation des personnes. Il en va de même avec les relations hiérarchiques privilégiant le conseil et l’accompagnement des salariés. Il n’est plus possible de passer sous silence cet énorme gâchis organisé qui pénalise le résultat de l’entreprise, mais aussi la santé du salarié pris au sens le plus large de santé physique et mentale, mais aussi individuelle et collective.

[..]

  • Démocratiser le travail, c’est croire que la meilleure performance, la plus durable, passe par le droit d’intervention des salariés pour transformer leur poste de travail en leur reconnaissant une véritable capacité d’agir sur leur travail."

 

+ d'infos

Productivité et compétitivité : où en est la France dans la zone euro ? (strategie.gouv.fr)

Un grand absent du débat national et syndical actuel (strategie.gouv.fr)

S’approprier les repères de bases de l’ANACT sur le management du travail (anact.fr)

Guide CFDT du manager

Management : Se former avec le CREFAC

 

Illustration : Fotolia