Management et organisation

Enquête CFDT - Kantar : les cadres face au Covid-19

06 mai 2020

Pour les cadres, la crise sanitaire ne sera pas sans conséquences : ils sont 36 % à anticiper une baisse de leur salaire.


Les travailleurs face au Covid-19 : allER plus loin sur la situation des cadres avec l’enquête CFDT - Kantar

Les salariés français face à l’épidémie de COVID-19La CFDT a commandé une enquête par interview auprès d’un panel représentatif de la population salariée dans la semaine du 18 au 22 avril. Ses principaux résultats ont été publiés le 30 avril et sont accessibles en ligne :

Les travailleurs face au Covid-19 : enquête de la CFDT (cfdt.fr)


Situations des travailleurs ?

  • 32 % ne travaillent plus ; 36 % de ceux qui travaillent sont en télétravail total et parmi eux 63 % de non cadres …

La situation est très contrastée (p. 8)

68 % des salariés continuent à travailler (53 % à 100 % et 14 % en activité partielle) 

Parmi eux, 51 % travaillent dans la même situation qu’avant le confinement, 36 % sont en télétravail total et 9 % alternent. Pour les salariés cadres ils sont respectivement 15 % à travailler comme avant, 68 % en télétravail total et 12 % à alterner.

Les 36 % de « télétravailleurs total » se répartissent presque également entre cadres (37 %), professions intermédiaires (30 %) et employés (30 %).


Ressentis des travailleurs ?

  • 55 % des cadres sont inquiets pour leur situation personnelle

8 télétravailleurs sur 10 sont satisfaits ; l’insatisfaction est plus grande chez les femmes (21 %) que chez les hommes (16 %) (p. 12)

Ce taux de satisfaction générale se retrouve sur les items « équilibre vie pro vie perso » « relation avec le N+1 » et « relations avec les collègues » (p. 14).

Les travailleurs enquêtés expriment plus d’inquiétude face à la situation (51%) et d’impuissance (37%) que de colère (14%). Ils disent éprouver de l’impatience (46%) de la résignation (23%) et de l’isolement (29%) (choix de 3 items parmi 11). (p. 24)

Concernant leur situation personnelle, l’inquiétude est exprimée par 56 % (dont 18 % très inquiets). L’expression des cadres est proche (55 %) de celle des professions intermédiaires (54%) et des employés (53 %). Les ouvriers expriment plus d’inquiétude. (p. 26).


9 salariés sur 10 pensent qu’après la crise il est indispensable (48 %) ou important (41 %) de « promouvoir d’autres manières de travailler ».


9 cadres sur 10 anticipent un impact sur leur entreprise et 5 sur 10 une diminution de salaire

Les cadres sont plus nombreux à estimer que la crise aura un impact sur leur entreprise ou leur administration : ils sont 9 sur 10 dans ce cas pour une part de 8 sur 10 sur l’ensemble des sondés. L’absence d’impact est anticipée davantage dans le secteur public (pour 32 % des sondés du public) que dans le privé (15 %).

Quant au salaire, 28 % des salariés indiquent que leur salaire a déjà baissé et 33 % qu’il va baisser. 
Ces taux sont différents pour les cadres : 16 % des cadres déclarent que leur salaire a baissé et 36 % anticipe une baisse.


Les « vulnérables », les indépendants et les précaires sont les publics prioritaires de l’action publique. Les jeunes sont « délaissés »

Il y a une grande unanimité dans l’identification des publics prioritaires ou importants au regard de l’action publique (pour un total allant de 86 à 94 %) :

  • D’une part les personnes « vulnérabilisées » (personnes malades, aidants de personnes dépendantes, parents gardant leurs enfants) 
  • D’autre part, les « indépendants et précaires » (auto entrepreneurs, aide à domicile, intérimaires, etc.)

Pour ces catégories, la priorité d’action va de 44 % (aide à domicile) à 68 % (personne malade) et l’importance de 43 à 26 (respectivement).

Pour les jeunes entrant sur le marché du travail, les apprentis et les stagiaires, la priorité d’action n'est que de 30 % (mais le total prioritaire + important est autour de 75 % quand même).


3 sur 4 pensent que les manières de travailler vont évoluer ; 9 sur 10 le souhaitent

9 salariés sur 10 pensent qu’après la crise il est indispensable (48 %) ou important (41 %) de « promouvoir d’autres manières de travailler » (p.51).

Ils sont un peu moins, 75 % à penser que cela va changer réellement ! Ça va changer mais dans quel sens ? Si 25 % pensent que les changements seront positifs, 23 % pensent qu’ils seront négatifs et 52 % ne le savent pas.

68 % pensent que les syndicats auront un rôle à jouer dont 21 % qui le pense tout à fait. Là où il y a une présence syndicale ils sont 24 % à le penser tout à fait (contre 15 % là où les syndicats ne sont pas présents). 

Un signe de l’utilité syndicale au plus près du terrain ?


Pour les cadres, qu’est-ce qu’il faudrait changer demain ?

En septembre dernier, avec KANTAR, la CFDT Cadres a sondé un panel représentatif de 1000 cadres. Concrètement « aujourd’hui, de quoi auriez-vous besoin pour mieux vivre votre travail ? »  (pourcentage de « prioritaire » ou « très important »):

  1. Trouver un équilibre plus satisfaisant entre vie privée / vie professionnelle : 74 %
  2. Bénéficier d’une vraie déconnexion : 67 %
  3. Être davantage consulté et écouté : 66 %
  4. Mieux gérer le stress et la charge de travail : 65 %
  5. Avoir plus d’autonomie dans mon travail                    65 %
  6. Disposer d’un espace / moment d’échange avec les collègues sur le travail : 63 %
  7. Disposer d’un espace / moment de dialogue avec mon manager : 63 %
  8. Passer moins de temps en réunion : 61 %
  9. Avoir moins de taches administratives / de reporting : 60 %

 

Dans la période de crise sanitaire, l’enquête révèle que 8 cadres sur 10 sont en télétravail total (68%) ou partiel (12%). Cette situation de travail à distance imposé a rendu plus sensible encore ces aspirations dans un contexte où les dimensions de l’autonomie, de la porosité/déconnexion, de l’isolement, d’utilité, sont questionnées dans leurs réalités subjectives, objectives et collectives.

Comme l’ont écrit les partenaires sociaux dans l’accord national interprofessionnel du 28 février 2020, les cadres appellent à un renouveau des pratiques managériales et organisationnelles. Ils pourront compter sur les équipes CFDT dans les entreprises et les administrations pour porter avec eux ces aspirations dans les espaces de concertation et de négociation.


  • La population du personnel d’encadrement appelle à une forme de renouveau des pratiques managériales qui parviendrait à concilier la multiplicité des organisations de travail (en fonction des projets et des enjeux notamment), la mobilisation des nouveaux outils numériques, et les bénéfices que représentent les liens humains avec le collectif de travail, tant en termes de performance que d’épanouissement personnel et professionnel.

 

 

+ d'infos

Les travailleurs face au Covid-19 : enquête de la CFDT (cfdt.fr)

Les salariés français face à l’épidémie de COVID-19 - Rapport d'étude KANTAR (cfdt.fr)

Baromètre CFDT Cadres - Kantar : les chiffres-clefs