Emploi et compétences

[APEC] Les nouvelles formes de l’emploi : enjeux et vécu des cadres

05 nov 2018

Une étude APEC explore les attitudes et le vécu de cadres face à des formes d’emploi hors salariat classique.


Les nouvelles formes de l’emploi : enjeux et vécu des cadres1 

Avec un taux de chômage de 9,3% en France contre 6,8% en moyenne en UE2, est-ce que des formes d’emploi hors salariat sont des solutions nouvelles ? L’étude récente de l’APEC – Les nouvelles formes d’emploi : Enjeux et vécu des cadres - explore d’une manière quantitative les formes d’emploi hors salariat et la manière dont les cadres s’en emparent.

En France, le taux des CDI dans l’emploi salarié tourne autour de 87% depuis les années 2000, date à laquelle il avait baissé de 8 points. Le CDD et l’intérim constituent des formes particulières au sein de l’emploi salarié et en représentent environ 13%. Dans le cadre des mutations du travail, de nouvelles formes d’emploi ont émergé depuis les années 2000 et la CFDT a largement contribué aux réflexions y afférent3. Le portage salarial a été inscrit dans le code du travail en 2008, le régime de l’autoentrepreneur en 2009. D’autres types d’emploi hors CDI tels que les coopératives d’activité et d’emploi, le groupement d’employeurs et les entreprises de travail à temps partagé ont vu le jour depuis. L’autoentrepreneuriat séduit par son accessibilité simplifiée : après un essor à sa création, plus de 222 000 micro-entreprises ont été créées en 2016. Le travail atypique revêt de nombreuses autres formes mais reste relativement limité en nombre : selon l’étude, le portage, les groupements d’employeurs et les coopératives d’emploi ne devraient pas dépasser le seuil de 100 000 emplois4. Cependant, les travaux récents sur la digitalisation de l’économie et les transformations y afférent ont ravivé l’intérêt pour ces usages. Dans les industries liées au numérique, l’externalisation des activités et les modalités de travail en grande autonomie sont plus fréquentes que dans le reste de l’économie.

L’enquête qualitative de l’APEC, basée sur des entretiens avec une trentaine de cadres issus de milieux professionnels divers, explore leurs attitudes et leur vécu face à ces formes d’emploi hors salariat classique. 


Opportunité d’autonomie ou détachement contraint ?

Plus d’autonomie, moins de stress, plus de marge de manœuvre : telles sont les motivations pour certains à accéder à ces formes d’activité professionnelle, présentées comme mode alternatif au salariat classique. Accéder à un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée, recherche d’une marge de flexibilité : ces aspirations sont partagés par l’ensemble de l’échantillon des cadres interrogés.

Or, le désir de plus d’autonomie n’est pas suffisant. Encore faut-il avoir l’expérience et la maturité suffisantes pour y accéder.  En effet, une fois installé en tant qu’auto-entrepreneur, en portage, coopérative d’activité ou emploi partagé, la majorité souligne la nécessité d’être informé sur les différentes démarches administratives à faire. 

L’orientation vers une nouvelle forme d’emploi intervient souvent après un licenciement et se fait en même temps que la recherche d’un emploi salarié en CDI. Pour les seniors, le choix d’une activité indépendante est souvent contraint et la plupart recherche les protections – notamment sociales et réglementaires - attachées au salariat. Pour les jeunes, l’insertion professionnelle étant de plus en plus difficile dans la mesure où le recours au CDD s’est accentué, une activité indépendante peut être un tremplin vers un emploi salarié. 

En dehors de l’auto-entrepreneuriat, les autres formes d’emploi sont relativement moins bien connues et la plupart des cadres ont choisi des structures comme le portage ou la coopérative sur les conseils de proches.


Quels vécus pour quelle situation ?

Auto-entrepreneurs, portage salarial, coopérative d’activité ou multi-activité : les vécus ne sont pas identiques mais peu de cadres éprouvent après cette expérience d’indépendance un désir accru de revenir vers une activité classique en CDI. Mais il ne faut pas oublier des éléments de contexte tels que la maturité professionnelle, l’appui de l’entourage et la sécurisation du risque qui sont des éléments importants pour qu’une telle expérience réussisse. L’accompagnement dans les démarches administratives et réglementaires constitue un enjeu majeur pour la réussite de ces parcours, de même que la question de la protection sociale, souvent réglée par la sécurisation des risques par des proches 


Cette étude constitue une belle initiative et une ressource intéressante pour tout cadre aspirant à se lancer dans une activité indépendante. Son approfondissement mériterait d'être mené sur les termes des protections sociales afférentes aux différents statuts ; à charge aux experts de protection sociale de prolonger ces analyses utiles.

 

1 Les nouvelles formes d’emploi : Enjeux et vécu des cadres, APEC, Décembre 2017, n° 2017-42, disponible sur le site www.cadres.apec.fr, rubrique observatoire de l’emploi
2 Source Eurostat, octobre 2018
3 Voir à ce sujet la revue Cadres N° 412, La relation de travail
4 La diversité des formes d’emploi, CNIS, mars 2016

 

+ d'infos

Nouvelles formes d'emploi : enjeux et vécu des cadres (étude apec.fr)

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