Fonctions publiques et réformes

L’absentéisme n’est pas une question qui opposerait public et privé

25 fév 2013

Ce sont les conditions de travail et non le seul statut d’emploi qui sont déterminants.


La suppression de la journée de carence dans la Fonction publique est une mesure symbolique. Qu'en est-il de la réalité ? La droite avait imposé cette journée, renforçant l'idée que les fonctionnaires prendraient facilement des jours de complaisance. Dans l'autre sens aujourd'hui, la gauche annule cette mesure. Dans la situation actuelle de déficits que connaît la France, et après des années de blocage du point de rémunération, le gouvernement n'a rien d'autre à proposer. Symbolique sur le plan politique, la mesure l'est tout autant sur le plan économique. Cette mesure coûte  ou rapporte si peu qu'on ne peut la considérer comme un moyen d'intervenir sur les déficits publics. Elle n'a jamais prouvé non plus son efficacité en termes d'absentéisme.

La CFDT Cadres, comme d'autres, affirme depuis longtemps que l'absentéisme est accentué par des conditions de travail qui deviennent intolérables. L'hôpital en est un exemple criant. Combien de fonctionnaires viennent travailler même malades par conscience professionnelle, probablement plus que ceux qui abuseraient de jours facilement rémunérés ? Aujourd'hui, tous les fonctionnaires, les contractuels de droit public, les salariés des entreprises publiques, les salariés des grandes entreprises et nombre aussi de salariés des petites et moyennes bénéficient de la subrogation et perçoivent leur salaire même en cas d'arrêt maladie. Et deux tiers  des salariés du privé seraient dans cette situation (selon la Mission d’évaluation et de contrôle des lois de financement de l’Assemblée).

En revanche, selon les catégories, des chiffres, qui s'appuient sur une étude de l’Institut de recherche et documentation en économie de la .santé, montrent que cet avantage concerne 80% des cadres et seulement 50% des ouvriers. Comme la CFDT vient de signer une complémentaire santé pour tous avec l'ANI du 11 janvier dernier, nous demandons que tous demain bénéficient d'une rémunération complète en cas de maladie. La protection sociale a besoin de vraies mesures structurelles pour assurer la solidarité et l'équité entre les citoyens. Pas de fausses mesures symboliques.
 

3,6 % des salariés ont connu une absence au travail d’au moins une heure pour des raisons de santé ou pour la garde d’un enfant malade ces dernières années. Selon la Dares, ‘’la probabilité qu’un salarié s’absente pour maladie dépend de variables sociodémographiques comme l’âge, le sexe, la composition du foyer, la catégorie socioprofessionnelle et le secteur d’activité dans lequel il est employé’’. Ainsi, les salariés en CDI avec plus d’un an d’ancienneté et les fonctionnaires sont relativement plus souvent absents que les personnes en CDD ou récemment embauchées…. Enfin, ‘’l’absentéisme augmente fortement avec le niveau d’exposition aux contraintes physiques et psychosociales’’. Si les cadres sont beaucoup moins souvent absents pour maladie que les ouvriers, c’est dans une large mesure parce qu’ils sont dans l’ensemble moins exposés à ces contraintes dans leur travail.

 

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