Gouvernance et compétitivité

TPE : le dialogue social facteur d'attractivité et de qualité

20 nov 2012

Interview de Jean-Paul Guillot et Dominique-Anne Michel.


Que signifie  ''dialogue social'' dans une très petite entreprise ?

Jean-Paul Guillot et Dominique-Anne Michel (*). Dans les très petites entreprises (TPE), le patron et ses salariés font ensemble, au quotidien, le même métier. Du coup, les relations humaines y sont souvent de bonne qualité. Mais cela ne remplace pas pour autant un échange structuré, formalisé par des règles de représentation, sur des sujets concernant l’ensemble des collectifs de travail. C’est cela qu’on appelle dialogue social. Pour les TPE, il s’exerce notamment au niveau des  branches et des territoires. Les élections dans les TPE vont permettre à 4,5 millions de salariés, via une représentation syndicale, d’avoir enfin leur mot à dire dans l’élaboration des normes sociales qui les concernent.
 

En quoi le dialogue formalisé employeur-travailleurs est-il bénéfique pour ces entreprises ?

J.-P. G. et D-A.M. Les accords nationaux signés en 2001, puis en 2008 et 2012 attestent d’une volonté communes des organisations syndicales et des employeurs de l’artisanat et des professions libérales de traiter par le dialogue social des sujets concrets comme les conditions, le temps et l’organisation du travail, les rémunérations, la prévention des risques, la gestion de l’emploi, la formation, les avantages sociaux. Or tous ces éléments sont des facteurs d’attractivité et de qualité du travail dans des secteurs à forte concentration de très petites entreprises, qui ont parfois du mal à recruter et à fidéliser.
 

Dialogue social territorial, comités interentreprises … : vous donnez des exemples de réalisations paritaires qui ne se limitent pas à l’entreprise mais tiennent compte de son écosystème. Les grandes entreprises ont-elles des leçons à en tirer ?

J.-P. G. et D-A.M. Dans les territoires, de nombreuses initiatives ont vu le jour : création d’une plateforme en Lorraine pour offrir aux salariés des petites entreprises les avantages d’un CE, crèche interentreprises à Saint Dié, ouverture d’une trentaine de maisons des saisonniers sur des sites touristiques, projet de CHSCT paritaire en Seine-et-Marne, réalisation d’un guide paritaire sur la prévention des risques chimiques dans les entreprises artisanales du bâtiment en Poitou-Charentes, etc. Il faut également mentionner les commissions paritaires régionales interprofessionnelles de l'atisanat, présentes dans chaque région, qui sont des espaces de dialogue social de proximité connectés aux besoins concrets des salariés et des employeurs des entreprises artisanales. Tous ces exemples montrent que le bassin d’emploi est un échelon pertinent pour aborder ces problématiques. Par ailleurs, il n’y a pas lieu d’opposer grandes et petites entreprises, qui ont des intérêts communs à traiter par le dialogue social : GPEC territoriale au sein des filières, formation, apprentissage, sécurité sur les sites industriels ou les zones commerciales, conditions de vie des salariés (logement, transport, etc.) dans les bassins d’emplois.  Elles ont également intérêt à coopérer pour élaborer ensemble les normes sociales qui tiennent compte de la réalité socio-économique des entreprises.

 

(*) J.-P. Guillot, D.-A. Michel, Les petites entreprises dans le dialogue social, Ed. de L'Atelier, avril 2012

 

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