Management et organisation

''Ce qui tue le travail'' nominé pour le prix du livre RH 2012

25 fév 2010

Le Prix du livre ressources humaines Sciences Po-Syntec Recrutement choisi par les étudiants.


Le 12ème Prix du livre ressources humaines Sciences Po-Syntec Recrutement est décerné à un ouvrage sélectionné par les étudiants du master gestion des ressources humaines de Sciences Po parmi 4 essais dont ''Ce qui tue le travail'', de Francis Ginsbourger (Michalon, 2010, postface de Jean-Paul Bouchet). ''Les Chomeurs de Moulinex", (PUF), sous la direction de Manuelle Roupnel-Fuentes est le lauréat cette année.

Douze ans après La gestion contre l’entreprise, Francis Ginsbourger poursuit sa réflexion sur les systèmes, les acteurs et les instruments qui réduisent les potentialités du travail. Alors que les politiques publiques réduisent le travail à l’emploi, l’entreprise y voit un coût. La droite se satisfait d’une gestion prévisionnelle des emplois trop technocratique, succédant à une gauche qui a choisi une gestion étatiste de l’aménagement réduction du temps de travail. Autant de « réducteurs du travail » qui font que l’on en est venu à envisager l’emploi comme un problème en soi, avec pour seul indicateur le taux de chômage. Toutes ces politiques ont privilégié les approches quantitatives. Elles se traduisent par une « prolifération de l’action gestionnaire » qui masque l’essentiel du travail et de la compétence.

 Dès lors que l’organisation collective du travail est déficiente, les tensions deviennent destructrices au lieu d’être fécondes. Ajoutons la personnalisation des enjeux et l’on aura cerné les sources de ce qu’il est convenu d’appeler la « souffrance au travail ». Une catégorisation dont il faut se demander si, au final, elle ne dédouane pas l’entreprise de sa responsabilité. La charge est lourde concernant la thèse de la souffrance au travail.

Dés lors, comment libérer le travail de la tutelle de l’emploi ? L’enjeu est de ne pas se focaliser sur la défense de l’acquis mais de transformer l’existant. De ne pas protéger à tout prix des secteurs d’activité mais d’engager les moyens de leur adaptation. Une politique de changement négocié demande de retrouver de l’énergie collective.

La conclusion résonne comme une adresse généreuse aux enfants de la crise, générations imbibées de la nostalgie du plein emploi considérant le travail comme un bien rare : « ne te laisse pas impressionner par les rubriques gestionnaires qui enferment ton travail. Ne te laisse pas économiser ni psychologiser. Bats toi pour acquérir le pouvoir d’agir selon ta conscience et acquérir du pouvoir sur ta destinée professionnelle ». Au travailleur de définir son travail et non l’inverse, pour ne pas être réduit à n’être qu’un salarié. Au demandeur d’emploi de devenir avant tout offreur de compétences. Ni victimes, ni coupables, mais acteurs.

Ce qui tue le travail est un outil syndical. Dans la postface, Jean-Paul Bouchet engage à porter un regard sur le collectif et à questionner les systèmes. Si « le travail n’est plus guère la préoccupation des dirigeants éloignés des métiers et des activités », le secrétaire général de la CFDT Cadres rappelle l’utilité du dialogue social pour organiser la confrontation des logiques. Le syndicalisme, « à l’origine organisé autour de métiers et de professionnels, considérant le travail comme oeuvre », est en première ligne. Il est temps de s’emparer à nouveau de ce qui fonda durablement sa raison d’agir : exercer du pouvoir sur l’organisation du travail.

Francis Ginsbourger, Ce qui tue le travail. Postface de Jean-Paul Bouchet. Michalon, 2010. 192 pages, 17 euros