Égalité et discriminations

Solidarité ou solitude dans les relations de travail ?

18 nov 2010

Un peu des deux ! Selon les données d'un sondage BVA. Des questions nouvelles surgissent.

BVA présentait en public ce 18 novembre 2010 les résultats de son sondage pour l’Observatoire du travail. Quelques questions originales ont été débattues par un sociologue (Norbert Alter) et des DRH (Paul Pény et Marie-Christine Théron) devant un public essentiellement composé de DRH.

Travail / hors travail : pour 2 salariés sur 3, il leur arrive de voir leurs collègues en dehors du contexte de travail. C’est une autre façon de voir la porosité des domaines de vie.

Ambiance de travail : 70 % des sondés expriment des qualificatifs positifs (donc 30 % sont totalement négatifs) et 46 % expriment des qualificatifs négatifs (donc 54 % sont totalement positifs sur l’ambiance). L’avis est partagé quant au fait que la direction de l’entreprise attache ou non de l’importance à la qualité de l’ambiance de travail.

Isolement / soutien : Le sentiment d’être isolé est exprimé par 27 % des salariés et 74 % déclarent pouvoir compter sur le soutien de leurs collègues en cas de besoin dans le travail quotidien. Ils ne sont plus que 50 % en cas de risque de licenciement. Mais l’on ne sait pas si cela a déjà été éprouvé. La formation de groupement de salariés hors syndicats et CE est notée par 4 salariés sur 10 mais l’on ne sait pas s’ils y ont participé.

Intranet : 1 salarié sur 2 y a accès, essentiellement pour pouvoir s’informer. 1 sur 4 pour pouvoir échanger avec des collègues. Là non plus, le sondage ne dit pas l’usage qui en est fait. L’avis est mitigé sur l’utilité de la mise en place de forum : prudence ?

Aussi, lorsque dans le débat il est question de réseaux informels qui montent en puissance, il n’est pas avéré que cela soit une réalité.
Norbert Alter a souligné quelques points d’attention et conclut par quelques pistes :

  • À la fois une satisfaction latérale (avec les collègues) et une solidarité limitée (tous associés rivaux)
  • L’état major est étranger, en extériorité au travail réel et le management intermédiaire doit donner du sens à des décisions insensées
  • L’espace numérique de travail et les « DRH » sont perçus comme des outils insensibles (privés de sensibilité par la technique ou incapables de reconnaître le don de soi dans la compétence du collectif et dans le contrat de travail)
  • Le travail contemporain réclame de plus en plus d’interaction avec de plus en plus de gens ; les tensions inhérentes viennent consumer peu à peu le capital social
  • La nouvelle posture managériale doit faire plus de place à l’écoute des salariés (en situation de travail).
  • L’utilité sociale dans l’organisation doit être valorisée (c’est autre chose que l’objectif chiffré)
  • Le réseau est une richesse si l’on est capable de donner corps à l’agrégation des compétences personnelles
  • Il faut accepter d’y consacrer du temps et de l’espace de parole (l’arbre à palabre) pour que chacun pas du personnage à la personne (les outils ne donnent pas sens ce sont les moments)

Le renforcement du réseau syndical a été souligné comme une nécessité par l’un des DRH. L’autre a évoqué la nécessité de laisser parler les tensions.

La CFDT Cadres revendique ces espaces de parole pour les cadres, de libre expression : c’est au cœur du manifeste pour la responsabilité sociale des cadres (IRESCA - 2004). Le rapport « bien être et efficacité au travail» (février 2010) ne dit pas le contraire. Renault a instauré la « journée de l’équipe ». Les lois Auroux avaient elles 30 ans d’avance sur ce point ?