Emploi et compétences

La rupture conventionnelle porte de sortie pour séniors ?

02 mar 2011

L'amélioration des conditions de rupture ne saurait éluder les enjeux du travail après 50 ans.


A la fin 2010, on dénombrait 251 551 cadres demandeurs d’emploi en fin de mois (Pôle Emploi). Un chiffre en hausse par rapport à l’année précédente (4%). Mais le nombre de cadres de 55 à 59 ans a augmenté de 22%. Si les cadres ne représentent que 6,2% des chômeurs, ils sont près du double (11,7%) sur la seule tranche des 55 à 59 ans. Il ne faut donc pas attendre du papy boom un effet massif sur le chômage. Seulement un tiers des départs de cadres à la retraite génère un recrutement extérieur

On constate une envolée des ruptures conventionnelles, qui permet à chaque salarié de négocier son départ et de clarifier les situations. Le motif d’entrée à Pôle Emploi des 106 124 nouveaux cadres demandeurs d’emploi au troisième trimestre 2010 n’est pas une fin d’intérim, un licenciement économique ou une démission. La plupart serait issu d’une rupture conventionnelle. Leur nombre a connu une hausse de plus de 80 % en un an, soit de 29 500 à 53 500, alors que les entrées au chômage consécutives à un licenciement baissaient de 25 000 à 18 000. Pour les chômeurs non cadre, l’augmentation des inscriptions suite à rupture conventionnelle est en hausse moins marquée (moins de 50 %).

Dans une note interne datée de novembre 2010, l’Apec analyse la situation des recrutements des cadres seniors en 2009. Sur dix cadres seniors recrutés, sept l’ont été après une période de chômage. Parmi ceux-ci, moins de 30% y sont entrés suite à une rupture conventionnelle (ou autre motif dont rupture période d’essai) alors qu’ils sont plus de 50% à déclarer un licenciement, soit un rapport inverse de celui des motifs d’inscription. Serait-ce à dire qu’un licencié serait plus facilement recruté qu’un cadre en rupture, même conventionnelle ? Ou bien qu’à un certain âge on quitte l’entreprise par rupture conventionnelle pour ne plus y revenir, quand les conditions de l’allocation chômage et l’indemnité de rupture créent des conditions de vie décentes ? Les nouvelles règles sociales n’ont pas fini d’imprimer leurs marques sur le marché de l’emploi. Au-delà, l'enjeu est que les nouvelles formes de travail contribuent à démotiver voire à écœurer les quinquagénaires quand il n’y a plus le cœur à l’ouvrage. Pour en savoir plus Travailler après 50 ans - Cadres CFDT n° 437 - Décembre 2009