Responsabilité et expression

L’ingénieur sans frontière prend en compte les enjeux de la société

22 nov 2012

Interview de Laurent Mahieu à l'occasion de la Semaine de la solidarité internationale.


Les formations initiales abordent-elles la responsabilité sociale de l’ingénieur ?

Laurent Mahieu. La Commission des titres d’ingénieur (CTI) précise et actualise dans son nouveau référentiel ce qu’elle attend des formations. Elle indique la perspective des enseignements et des démarches pédagogiques. La mise en œuvre est de la responsabilité des écoles. Dorénavant, l’ingénieur doit être apte à ‘’prendre en compte les enjeux et les besoins de la société’’. Hier, on évoquait ‘’une aptitude à prendre en compte et à faire respecter des valeurs sociétales’’ promues par l’entreprise. Les questions de société doivent faire irruption dans la formation de l’ingénieur. Il s’agit d’y développer l’esprit critique ! La CTI veille ainsi à ce que les questions de l’entreprise ne soient pas dissociées des questions de société. Le référentiel passe ainsi de la ‘’figure de l’ingénieur’’ ayant ‘’l’aptitude à mettre en œuvre les principes du développement durable’’ au détail de ces principes : aptitude à prendre en compte les enjeux sociaux, les enjeux environnementaux liés à l’économique. Il y a encore du chemin à faire : parmi les neuf macro-aptitudes de l’ingénieur décrites dans le référentiel, l’aptitude spécifique relative au développement durable est celle qui est la moins perçue par les ingénieurs comme faisant partie de leur métier . C’est ce qu’indique l’enquête du Cnisf qui pointe que seul un ingénieur de moins de 30 ans sur trois qualifie d’important dans son activité professionnelle ‘’la sensibilisation aux valeurs sociétales’’.
 

Tu es invité à la prochaine assemblée générale de l’association Ingénieurs sans frontières : quels liens avec la CFDT ?

LM. Ingénieurs sans frontières (ISF) et la CFDT Cadres sont partenaires au sein d’Iresca. La CFDT Cadres met elle en place un réseau des administrateurs ou mandatés CFDT dans les écoles d’ingénieur et les centres de formation des apprentis du supérieur. Avec ISF, nous pouvons échanger sur notre vision des évolutions. La CFDT Cadres intervient aussi mais peu dans les formations : les élèves sont très heureux de ces échanges. Pour faire évoluer les formations, il faut pouvoir saisir les opportunités publiques (je pense aux Assises de l’enseignement supérieur en cours), mais également mener des opérations médiatiques. Et puis il y a le travail de fond au sein de la CTI. Concernant l’action menée par les étudiants d’ISF, elle va plus loin que le besoin d’engagement humanitaire charitable, à l’image des congés solidaires proposées comme engagement RSE par certaines entreprises. L’action d’ISF est modeste mais elle présente l’intérêt (paradoxal) d’une certaine globalité dans ses domaines d’action : la réflexion de l’élève ingénieur, le soutien aux dynamiques collectives, l’ambition de la transformation de l’école. C’est une action de long terme contradictoire, je l’accorde, avec la durée des études. Aussi, permettre un engagement continué sur ces questions une fois le diplôme en poche est pour ISF et les ISFiens une nécessité !
 

Cette orientation d’ISF peut-elle concerner les ingénieurs en activité et la CFDT ?

LM. C’est une suite logique à nos engagements dans Iresca! Pour les ingénieurs en exercice professionnel, la possibilité de participer aux groupes thématiques d’ISF leur permettra de contribuer à renforcer l’expertise collective. Et, par conséquent, la force d’interpellation d’ISF vers les entreprises. Dans le même temps, la participation d’ingénieurs à ces groupes, s’ils sont connectés dans leurs entreprises aux institutions représentatives du personnel et aux équipes syndicales, permet de renforcer ou d’orienter l’action de celles-ci sur ces questions. D’autre part, les comités d’entreprise peuvent être des vecteurs d’acculturation des salariés aux problématiques soulevées par ISF et ses groupes. Ce seraient là des croisements utiles à expérimenter ensemble, ISF et CFDT.

 

17-25 novembre 2012, la Semaine de la solidarité internationale est le grand rendez-vous national de sensibilisation à la solidarité internationale et au développement durable. Des associations aux collectivités territoriales, en passant par les ONG, les MJC, les syndicats,… la Semaine fédère tous ceux qui s’engagent pour des relations plus justes entre les pays et les peuples. Les structures qui participent à ce temps fort national le font parfois de manière isolée, mais bien plus souvent de façon collective.

 

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