Revue Cadres n°443. Ingénieurs, une carte d'identités

Mars 2011


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Yves Lichtenberger

L’ingénieur metteur en oeuvre du changement. Un déficit d’appuis professionnels qui questionne le syndicalisme

La réflexion autour du sens à donner au travail est le corollaire d’une recomposition en cours des identités professionnelles. Ces évolutions sont particulièrement intéressantes à regarder du côté des ingénieurs. L’ingénieur était la figure emblématique de la rationalisation du travail au XXème siècle. Or, son identité se trouve aujourd’hui tiraillée entre celle du manager, du scientifique et de l’organisateur. Et les syndicats ont du mal à prendre en compte ces évolutions, car ils peinent à réinscrire dans leurs objectifs la défense d’une implication au travail comme source d’intérêt, de sens et de reconnaissance.


Focus. Les ingénieurs en France. Quelques données clés


Jean-Philippe Lerat

Les problèmes techniques sont-ils solubles dans le management ? Point de vue du dirigeant d’une PME innovante > Télécharger l'article

Prendre en compte et valoriser la réalité du métier d’ingénieur est une nécessité si l’on veut soutenir l’innovation dans l’économie française. Pourtant, la situation des ingénieurs dans la plupart des entreprises est actuellement très inconfortable, dans la mesure où leur métier n’est plus reconnu comme un actif de l’entreprise. C’est en réalité une crise culturelle grave qui se joue. Car pour progresser, l’ingénieur est contraint de laisser de côté la technique et se transformer en manager. Dans de telles circonstances, il est évidemment difficile de favoriser l’innovation technologique. Pour pallier ce problème, les chefs d’entreprises peuvent valoriser les acteurs de leur excellence technologique par une politique salariale volontaire.


Entretien avec Benoît Ostertag

Technicien et manager. Le parcours professionnel d’un ingénieur de l’industrie automobile

Les trois articles qui suivent s’intéressent à la réalité concrète des identités
professionnelles. Nous avons d’abord choisi de suivre l’itinéraire d’un ingénieur diplômé d’une grande école dans un grand groupe automobile. Chez Renault, pendant de nombreuses années, l’organisation de l’ingéniérie était matricielle : on était soit un homme métier, soit un homme projet. Les ingénieurs qui souhaitaient progresser dans l’organisation étaient clairement encouragés à occuper des fonctions managériales. Et plus le niveau d’encadrement était élevé, moins la compétence technique métier importait. Depuis peu de temps cependant, une nouvelle dimension est proposée : celle d’expert, sans responsabilité hiérarchique. Dans une même carrière, les identités professionnelles sont multiples, comme le montre ce récit.


Entretien avec Jean-François Niel

Ingénieur de la deuxième chance. Récit d’une réussite professionnelle

Le choix d’une école d’ingénieurs donne-t-il une identité professionnelle particulière ? Dans cet entretien, Jean-François Niel répond plutôt par la négative. Il reconnaît une forte spécificité opérationnelle dans l’enseignement qu’il a suivi au CESI, mais il pense que ce sont surtout ses cinq années d’expérience initiales qui restent déterminantes pour la suite de son parcours professionnel. Finalement, c’est moins l’enseignement que le titre d’ingénieur qui a donné un coup d’accélérateur à sa carrière, lui permettant de devenir à un peu plus de 40 ans le pdg de Flexi France, une filière du groupe Technip.


Focus. L’école d’ingénieurs du CESI. Entretien avec Jean-Louis Allard


Richard Robert

Pourquoi n’y a-t-il pas plus d’ingénieures ? L’essoufflement des vocations n’est pas une fatalité

Le métier d’ingénieur resterait-il une affaire d’hommes ? Pas partout. La Chine compte environ 40% d’ingénieures, et dans l’URSS des années 1980, les femmes représentaient 58% des effectifs. Mais dans les pays occidentaux et une bonne partie des économies émergentes, la féminisation de la profession reste très lente et elle semble aujourd’hui trouver une limite. Ce palier inquiète les autorités politiques. La Commission européenne pointe depuis dix ans les risques de pénuries d’ingénieurs, appelant les États-membres à puiser plus largement dans le vivier des talents féminins. Les points de blocage se cristallisent à différents niveaux : en amont du système universitaire avec une vraie crise des vocations, dans les universités et les écoles, et enfin dans les entreprises avec une politique des carrières et une gestion des temps plus attentives à la question des genres.


André Grelon

Une population hétérogène. Les ingénieurs français, un bref aperçu historique

L’histoire des ingénieurs a commencé à l’époque de l’Encyclopédie, au milieu du XVIIIème siècle. Marquée à ses débuts par l’emprise de l’Etat puis par les besoins de l’industrialisation, cette histoire si riche a conduit à un foisonnement identitaire. A tel point qu’aujourd’hui, la question est de savoir si les ingénieurs se reconnaissent comme appartenant à un même groupe, entre eux, et s’ils ont encore une identité collective.


Laurent Mahieu

Renforcer les identités professionnelles. Quelle place pour les syndicats ? > Télécharger l'article

La CFDT Cadres propose plusieurs pistes d’action pour aider les ingénieurs à renforcer ce qui fait leur identité professionnelle propre. En participant à la Commission des Titres d’Ingénieurs (CTI), elle contribue à fixer des normes au métier d’ingénieur. En organisant des séminaires et des groupes de réflexion sur des questions liées à l’identité, elle donne des outils aux ingénieurs pour mieux se représenter. Et en aidant à créer les conditions favorables dans l’entreprise, elle contribue à la réussite d’une alternance entre le monde de l’entreprise et le monde de la formation.


Mathieu Bensoussan

Concurrents ou complémentaires ? Le rôle des associations d’anciens étudiants et des syndicats

Quand on parle d’identités professionnelles, il faut aussi évoquer les associations d’anciens élèves ingénieurs. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, ces dernières sont moins en concurrence qu’il n’y paraît avec les syndicats de cadres pour la captation des ingénieurs diplômés. Finalement, ces deux types d’organisation se complètent. Il est même tout à fait possible que l’engagement dans l’une soit une ressource pour l’autre. Car ces deux types d’organisation partagent la même finalité : desserrer l’étreinte de la subordination dans l’entreprise.


  • Journal

  • Roland Guinchard. Préserver les identités professionnelles. Une posture

  • incontournable du management au XXIème siècle

  • Francis Ginsbourger. Sortir de la logique victimaire. L’affaire Kerviel en question

  • François de Maigret. « Appelez-moi le Directeur !». Récit de la déresponsabilisation en entreprise

  • Pascale Denantes-Parlier. Les transitions professionnelles. Des aspirations

  • différentes selon les âges

  • Notes de lecture