Responsabilité et expression

L'engagement des cadres entre défiance et loyauté

25 jan 2012

Le panel Apec résume un attachement au travail et une relation à l'emploi de plus en plus exigeante.


L’Apec a interrogé en ligne un échantillon représentatif de quelques 3000 cadres en emploi du secteur ou de statut privé sur leur engagement au travail. Sans surprise, les trois quarts d’entre eux se sentent engagés vis-à-vis de leur entreprise, a fortiori dans les petites et moyennes structures.

L’Apec observe quelques contrastes selon l’âge, à savoir que les plus de 45 ans citent plus souvent la loyauté et le contrat moral alors que les moins de 35 ans privilégient l’enthousiasme et le dépassement de soi. Il existe également une légère différence selon les fonctions. Par exemple, alors que les cadres d’une majorité de fonctions choisissent la loyauté en priorité, les cadres de la fonction communication mettent en avant l’enthousiasme et la créativité. Seuls 5% des cadres interrogés ont une perception négative de l’engagement, vu comme un danger.

Qu’est-ce que l’engagement ? Pour les cadres, rappelle l’Apec, la définition des termes loyauté et contrat moral est globalement proche. Certains rattachent cette loyauté à une valeur morale personnelle, mais pour beaucoup, il s’agit d’une obligation qui découle du code civil, un devoir lié au contrat de travail. Selon eux, un cadre se doit d’être discret et soumis aux règles, il ne va donc pas à l’encontre de sa direction par loyauté, fidélité et discipline même s’il n’est pas toujours du même avis que celle-ci. Là est toute l’ambiguïté de l’engagement vu par les cadres.

Reste que l’affirmation de cet engagement n’est pas incompatible avec une certaine défiance à l’égard de l’organisation du travail et une revendication claire que les cadres ne se sentent pas reconnus pour leur investissement. ''Investis, mais exigeants'' avons-nous l’habitude de résumer l’engagement des cadres. Cette fatigue des élites (François Dupuy), pouvant glisser vers une tentation de retrait (Juliette Ghiulamila), voire une rébellion (David Courpasson), est une profonde évolution dans la relation à l’emploi. Ce qui n’empêche pas un fort attachement au travail.

On retrouve ici un thème cher à la CFDT Cadres : la responsabilité. Loin d’être un simple supplément d’âme pour professionnels en quête de sens ou d’épanouissement, la reconnaissance d’un plein exercice de la responsabilité professionnelle n’est pas un luxe. Restreindre leur espace managérial, leur retirer les moyens de cette valorisation, ne les amène pas seulement à prendre leurs distances avec l’organisation, cela les empêche tout simplement de faire leur métier. Ce souci commence à se faire jour dans les entreprises. Nombreuses sont celles qui s’inquiètent d’une guerre des talents annoncée : qui arrivera demain à attirer les meilleurs ? Et si les entreprises se trompaient là d’adversaire : si la guerre annoncée n’était pas plutôt celle de l’engagement ?

 

Pour en savoir plus

Apec, Loyauté et contrat moral, les deux valeurs clés de l’engagement des cadres

Le travail et l’engagement des cadres à l’épreuve de la crise

 

Le coût de la démotivation. Sociologues et managers face au désengagement, Cadres CFDT n°427, novembre 2007 à télécharger :