Gouvernance et compétitivité

La finalité de l’entreprise au-delà de sa structure juridique

21 nov 2012

Il faut s’interroger sur l’engagement de l’ensemble des acteurs et notamment le rôle du manager.


Au-delà des outils et modèles de gestion, de gouvernance, de management, des instruments juridiques, des instruments et outils de gestion, la question de fond qui est aujourd’hui posée est bien celle de la finalité de l’entreprise. Il en va de même pour les services publics. La cogestion à l’allemande, le statut coopératif de production, l’intégration d’un objectif autre que le profit dans les statuts de l’entreprise comme l’expérimentent certaines entreprises américaines, la contractualisation d’accords de responsabilité sociale des entreprises ou le développement de l’économie sociale et solidaire… : autant de pistes, de leviers qui ne sauraient constituer une réponse unique. Si la question de la finalité d’une société de capital ne fait pas ou peu débat, il en est bien différemment de celle de la finalité de l’entreprise, qui assemble capital et travail pour fabriquer un produit, un service, contribuer à un développement durable de l’économie, sans ignorer ses parties prenantes dans leur grande diversité, sans omettre de rendre compte à son environnement.

La question de la finalité renvoie inévitablement à la question du client final : un usager d’un service public, un consommateur, un donneur d’ordre, un actionnaire ? Ce client final est-il au coeur de la prise de décision ? Qui sert-on en premier lorsqu’il y a plusieurs clients ? La question vaut également pour l’interne des entreprises ou des administrations, pour chacun de nous. Pour qui est-ce que je travaille ? Quel est mon client final : mon responsable hiérarchique, mon patron, mon ministre de tutelle, ou les clients de mon entreprise, les consommateurs des biens et services produits, les usagers de mon service ? La présence de représentants de salariés dans un conseil de surveillance d’un groupe à statut de société européenne permet-elle d’infléchir les stratégies des entreprises de ce type ? L’association des salariés à la prise de décision sert-elle la performance économique, sociale et environnementale de l’entreprise ?

C’est la cohérence entre la finalité et les instruments ainsi que les outils utilisés qui importe, même si ces derniers peuvent prendre des formes différentes. Ces modalités sont focalisées sur les institutions sans faire de place à l’institution, au sens d’une dynamique, d’un processus permanent, pour accroître l’autonomie professionnelle, la coopération et non la compétition, le désir de bien faire son travail, d’apporter un service de qualité au client, à l’usager.

Les managers doivent trouver leur place, jouer leur rôle, ‘’reporter’’ une parole sur le travail, l’activité, la compétence, la relation client ou usager, pour éviter la perte en ligne hiérarchique qui conduit trop souvent à l’absence de parole et d’expression des décideurs sur le travail, le client final et à un certain nombrilisme managérial (ou actionnarial, mais surtout à un grand écart entre le down et le top qui ne sert en rien la finalité de l’entreprise.

 

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