Gouvernance et compétitivité

La crise de l’entreprise plombe notre compétitivité

11 oct 2012

Le redressement productif passe par un débat sur la redistribution de la valeur ajoutée, sur les critères de décision et le soutien aux entreprises intermédiaires.


Durant les Trente Financières (des années 1980 aux années 2000), l’entreprise en tant que collectif de travail n’a pas été épargnée : sa capacité d’investissement et d’auto financement de sa compétitivité sont passés après la redistribution vers les actionnaires, et parfois même après celle envers les salariés. La redistribution de la valeur ajoutée doit concerner prioritairement la pérennité de l’entreprise. Quelles sont les causes de cette déviance ? L’étroitesse du prisme de la prise de décision des dirigeants n’est pas étrangère aux situations constatées. On l’a souvent écrit. Cela pose précisément la question du référentiel des critères. Cela renvoie à la question de la formation initiale et continue des élites économiques. Ils signent des déficits d’anticipation, d’évaluation et de planification stratégique. Des déficits culturels de responsabilité sociétale ! Combien de cadres dirigeants ont un cap sur cinq ans ? La crise financière ne doit pas masquer la crise de l’entreprise et de l’organisation du travail.

Par ailleurs, la responsabilité sociétale des entreprises et des décideurs consiste à mesurer toutes les externalités négatives, c'est-à-dire le coût externalisé vers la collectivité, les sous-traitants, l’environnement écologique, etc. dans les prises de décision. Parmi elles, il en est une rarement pointée, c’est la rupture de la chaîne de coopération lors d’opérations d’externalisation ou de sous-traitances d’activité de production. Si la performance collective d’une unité de production est directement liée à la qualité des coopérations, comme le soulignent désormais de nombreux experts, il y a lieu de mesurer les impacts de la fracture organisationnelle.

Cette responsabilité sociétale doit être questionnée par les équipes syndicales. Notons qu’il n’est pas inutile de pointer la difficulté rencontrée par les équipes militantes pour questionner les stratégies économiques et industrielles. Elles manquent de grilles d’analyse et surtout d’espaces de questionnements. Cela repose la question de la place des représentants des apporteurs de travail à côté des apporteurs de capital dans la gouvernance des entreprises.

Enfin, à l’heure où les grandes entreprises dénoncent la politique fiscale du gouvernement sans pour autant s’accorder sur une réforme d’ampleur, un mot sur les petites entreprises. La France souffre de l’absence d’un tissu opérationnel d’entreprises de taille intermédiaire (ETI). Et  d’un taux ridiculement faible de petites entreprises exportatrices. Saviez-vous qu’une TPE sur 20 exporte ses biens ou services ? Et lorsque c’est le cas, la part de chiffre d’affaire à l’export est très minoritaire. Voilà des grands handicaps de compétitivité. Ce diagnostic pose clairement la question du soutien des pouvoirs publics à l’émergence des ETI. Et surtout sur des secteurs porteurs et innovants. Une analyse critique des dispositifs existants est une priorité. Le redressement productif ne se nourrit pas de coups d’éclats mais d’une mise en débat de l’organisation de l’activité.

 

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