Gouvernance et compétitivité

La compétitivité, une affaire syndicale

15 mar 2012

La compétitivité n’est pas une fin en soi, mais une condition de la croissance, de l’emploi et de la cohésion sociale.


Les travaux de la délibération sur la politique industrielle et économique avaient abouti en mai 2011 à une "approche de la compétitivité française" par un groupe de travail paritaire, approuvé par trois organisations syndicales de salariés, dont la CFDT, et par les organisations d’employeurs. La compétitivité est l'affaire de tous.

 

Déclaration commune - Délibération sur la politique économique et industrielle

Malgré plusieurs décennies de difficultés économiques et sociales, la compétitivité n’a jamais réussi à s’imposer comme un sujet essentiel dans le débat public. Des approches simplistes -voire caricaturales de la compétitivité se sont développées : pour les uns, le coût du travail est la cause unique de tous nos maux ; pour les autres, ce sont les actionnaires et leur vision à court terme. Résultat : des polémiques stériles qui empêchent de faire avancer la réflexion et l’action économiques. C’est pourquoi les partenaires sociaux, représentants des salariés et des chefs d’entreprise qui, tous les jours, font l’économie, ont lancé début 2010 une initiative inédite : établir un diagnostic commun sur la compétitivité. Le fruit de ce travail est publié aujourd’hui sous forme d’une note d’analyse synthétique intitulé « Approche de la compétitivité française.»

Que disons-nous sur la compétitivité de notre économie ? D’abord qu’il faut bien poser son champ, sa définition, ses objectifs. La compétitivité n’est pas une fin en soi, mais une condition de la croissance, de l’emploi et de la cohésion sociale. Accroître la compétitivité et l’attractivité du territoire, c’est créer davantage de richesses, améliorer les conditions de travail des salariés, faire progresser le niveau et la qualité de vie des Français. En outre, la compétitivité doit viser un modèle de croissance équilibré reposant sur les trois piliers économique, social, et environnemental du développement durable. Mais la compétitivité doit aussi être pensée globalement. Dans un marché unique européen et une économie globalisée, le champ de la compétition s’élargit aux territoires, aux législations et aux réglementations, aux systèmes de recherche, d’éducation et de formation. La compétitivité des entreprises est donc indissociable de leur environnement, de leur « écosystème ». Pour que nos performances économiques progressent, il faut donc améliorer à la fois ce que les économistes appellent la compétitivité coût (coût des matières premières et de l’énergie, travail…) et la compétitivité hors coût : qualité de nos produits et services, formation, organisation du travail et management, recherche et innovation, environnement fiscal et social, tissu productif… Plutôt que de céder au « déclinisme » ambiant, nous avons choisi d’identifier quelques priorités sur lesquelles construire un projet collectif de croissance et de progrès dans les années à venir : innover ; valoriser l’humain ; jouer pleinement la carte de l’Europe ; dynamiser le tissu entrepreneurial en France ; retrouver des marges de manoeuvre financières pour les entreprises autant que pour les finances publiques. Autrement dit, valoriser et renforcer nos atouts.

 

Pour la CFDT Cadres, les outils ne manquent pas pour accroître la compétitivité des entreprises. Gouvernance, expertise, dialogue social, participation... La compétitivité des entreprises ne saurait être déconnectée des formes et règles de gouvernance. Des Scop (capital appartenant aux salariés coopérateurs, principe « un homme, une voix ») à la Société européenne (dont le mode de gouvernement structure les relations sociales, les formes de la prise de décision dans l’entreprise), une gouvernance assise sur une forte implication des salariés et une association étroite à la prise de décisions les concernant est facteur de compétitivité. L’élargissement des conseils d’administration ou des conseils de surveillance à d’autres parties prenantes des activités et résultats de l’entreprise (sous-traitants, fournisseurs, représentants des usagers, des riverais, associations…) peut également participer de la compétitivité globale des entreprises dans leur environnement intégrant les dimensions économique, sociale et environnementale. Favoriser la compétitivité, c’est également valoriser les expertises techniques et les parcours professionnels. C’est permettre le partage des savoirs et des compétences, les coopérations plutôt que la compétition dans l’entreprise. C’est également développer la recherche et l’innovation, qu’elle soit technique ou technologique, organisationnelle ou sociale. Enfin, le dialogue social est facteur de compétitivité. Il favorise la recherche de compromis et la cohésion sociale. Toutes pratiques sociales innovantes sont à valoriser et consolider. La présence de l’acteur syndical dans les instances de décision à tous les niveaux est plus qu’une nécessité, c’est la garantie d’un équilibre des mesures, de nature à renforcer la compétitivité. C’est une question d’intelligence économique et sociale.

 

Sur le même sujet

François Chérèque, La compétitivité est l'affaire de tous, Le Monde, 15/03/2012

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Approche de la compétitivité française, juin 2011