Gouvernance et compétitivité

Compétitivité : éléments de comparaison Allemagne-France

01 déc 2011

Le coût du travail comme variable d'ajustement. La compétitivité, nouvel enjeu du développement.


La grande différence entre l’Allemagne et la France tient au fait que la première dispose des atouts lui permettant d’équilibrer sa cure d’austérité par une amélioration de la seconde grande composante du Produit intérieur brut, le solde extérieur. Sa spécialisation dans les biens d’équipement l’a ainsi placée en excellente position alors que la demande en la matière des pays émergents ne cessait de s’accroître y compris pendant la crise. Elle a en outre pleinement profité d’une stratégie industrielle fondée sur l’innovation et la montée en gamme dont elle tire également parti à l’exportation dans les pays où s’est constituée une classe aisée nombreuse. La France est dans une situation inverse. Le moteur de sa croissance demeure la consommation des ménages et son économie est mal positionnée à l’exportation du fait d’investissements insuffisants dans la recherche, l’innovation et plus globalement dans la société de la connaissance.

En fait, les faiblesses relatives à la compétitivité hors coût de l’industrie française, déjà pointées il y a maintenant une quarantaine d’années (recherche, innovation, formation et qualification…) ont été régulièrement compensées par des mesures relatives à sa compétitivité en termes de coût : des mesures d’ordre conjoncturel avec la dévaluation et d’autres d’ordre plus structurel visant à comprimer la masse salariale. Ce qui explique en grande partie le niveau plus élevé que la moyenne européenne du taux de chômage que connaît la France.

L’impossibilité de recourir aux dévaluations n’a plus laissé comme seul recours, compte tenu du taux de chômage, que de s’attaquer au coût du travail, au travers de la généralisation des exonérations en faveur des bas salaires (22,6 mds € en 2008, soit plus de 10 % des cotisations effectives versées à la Sécurité sociale). Il faut tout de même rappeler que d’ores et déjà, le taux des cotisations patronales de Sécurité sociale versées pour l’emploi d’un salarié au Smic n’est que de 2,1 %, et même de 0 % dans les TPE, au lieu de 28,1 % (taux normal des cotisations employeur maladie, famille et vieillesse).

L'institut patronal COE-Rexecode, ne peut éviter de conclure dans le même sens : « La France a perdu au cours des années récentes le seul avantage comparatif qui était le sien, celui des prix moins élevés ». L’important dans cette phrase est bien le mot « seul » qui confirme que sur tous les autres aspects de la compétitivité, la France n’a jamais réussi à combler son retard malgré quelques grands succès emblématiques (source : P. Le Clezio, membre CFDT du Cese).

 

Pour en savoir plus

Le débat sur le temps de travail

Philippe Le Clezio, Le coût du travail est-il trop élevé en France ? à recevoir sur demande