Vie syndicale

''C’est bien la CFDT qui pose les rendez-vous entre les cadres et le syndicalisme !''

03 juin 2014

Intervention de Jean-Paul Bouchet au 48ème congrès confédéral CFDT.


Depuis le congrès de Tours, la CFDT est devenue la première organisation représentative chez les cadres, avec 26,8% des voix, loin devant la CFE-CGC à 18,14% et la CGT à 21%. Dans les 3 versants de la fonction publique, la CFDT est également numéro un chez les cadres A. C’est le fruit de votre travail, de votre investissement dans les élections professionnelles. Comment ne pas s'en réjouir ?

[Vidéo] Intervention de Jean-Paul Bouche (aller à 42'42'')


En mars 2014, il y a tout juste trois mois, la CFDT a pris la présidence de l’Agirc, le régime de retraite sur-complémentaire des cadres, après 60 ans de règne sans partage de la CFE-CGC. Depuis le congrès de Tours, le nombre de cadres déclarés au fichier national des adhérents CFDT a progressé de près de 20%, faisant de la CFDT la première organisation en nombre d’adhérents cadres au sens des conventions collectives du secteur privé et des cadres A des Fonctions publiques. Comment ne pas s’en réjouir ?

Dans le même temps, la part de l’encadrement dans la population active a continué de progresser pour représenter près de 25% de celle-ci, soit 4,7 millions de salariés. Une confédération comme la nôtre, reflet de la diversité du salariat, devrait compter plus de 100 000 adhérents déclarés. Nous avons pourtant franchi fin 2013 pour la première fois la barre des 50 000 adhérents. C’est un très beau score et notre marge de progression reste considérable. Car nous savons qu'ils sont beaucoup plus nombreux.

Dans cette même période, les conditions de travail des cadres et surtout des cadres de proximité se sont largement dégradées : diminution des marges de manœuvre, des leviers d’action, perte d’autonomie, de moyens, de ressources. ''Faites plus avec moins et débrouillez-vous !'' se défaussent souvent les employeurs. Quelles revendications CFDT face à ce constat, quel appui professionnel pour ces salariés à part entière, dont il faut reconnaitre les spécificités, l’identité professionnelle ? Les réponses ne peuvent être que plurielles, adaptées. Une exigence de proximité qui doit faire la différence pour le syndicalisme multi-catégoriel qui est le nôtre.

Mais paradoxalement, dans le même temps, la CFE-CGC a progressé de manière significative dans de nombreuses entreprises, avec un appui parfois à peine voilé des directions, il faut bien le dire. Même si la CFE-CGC se cherche un cap en même temps qu’elle se cherche un nouveau nom, elle dispose encore d’un facteur d’attrait qu’il ne faut pas sous-estimer, au moment du vote bien sûr mais aussi quand elle propose l’adhésion en expliquant ''Vous êtes cadres, venez chez nous, vous serez naturellement mieux défendus, car les cadres, c’est nous !''... Alors, il faut affirmer sans cesse et sans honte que nous sommes la première organisation chez les cadres, que la CFDT se bat et s’engage pour plus de droits, de garanties, pour tous les salariés, sans distinction, quand d’autres ne s’engagent jamais ou retirent même leur signature ? Qui s’est engagé en faveur de l’encadrement au moment de la négociation sur la qualité de vie au travail, sur la création des espaces de dialogue professionnel, qui s’est engagé sur le rôle des cadres dans la conduite des entretiens professionnels tous les deux ans au moment de la négociation sur la formation professionnelle, qui a inventé le droit à la déconnexion, ou revendiqué un congé de paternité plus long ?... C’est bien la CFDT. C’est elle qui a posé des rendez-vous entre les cadres et le syndicalisme, entre le syndicalisme et les cadres. Ce serait un comble que cela profite à d’autres ! Nous devons tout faire pour que cela se traduise par des rendez-vous réussis.

Etre la première organisation, c’est bien, le rester, c’est mieux. Etre numéro un, c’est exigeant ! C’est une exigence d’écoute pour ajuster nos revendications mais aussi nos conseils, nos services, au plus près des besoins, des demandes, ce que savent parfois très bien faire des associations professionnelles, certes souvent  corporatistes, mais non sans facteurs d’attrait grâce aux services qu’elles proposent. Etre numéro un, c’est aussi une exigence de proximité avec les cadres, une proximité que les employeurs revendiquent  quand ils disent ''mes cadres ou nos cadres'', en leur demandant un alignement docile et silencieux sur des décisions que ces mêmes cadres et managers ne partagent pas ou plus. Alors sans doute faut-il enfin leur expliquer qu’un lien de subordination n’est pas un lien d’appartenance, qu’il n’est pas de loyauté aveugle et que le droit d’expression et même le devoir d’expression ou d’alerte en certaines circonstances est une composante essentielle de la responsabilité professionnelle des cadres.

Et quand des adhérents CFDT passent cadre, nombreux sont les employeurs mais parfois aussi les collègues de section qui leurs demandent de choisir entre CFDT et engagement professionnel comme si les deux étaient incompatibles, alors que ce double engagement est au contraire un plus pour tous, pas encore assez reconnu. La proximité avec près d’un quart du salariat, c’est un enjeu électoral en raison du potentiel de voix (en particulier pour le vote cadre aux élections dans la Fonction publique), un enjeu de développement en raison du potentiel d’adhérents, un enjeu syndical et sociétal, en raison du potentiel de connaissances et de capacité d’interpellation des stratégies des directions des entreprises et administrations. Pour les quatre ans qui viennent, osons cette proximité, pour une CFDT encore plus forte.