Emploi et compétences

Autoentrepreneurs : au-delà du régime fiscal

02 sep 2013

Les nouvelles formes d'emploi doivent être encadrées. L'autonomie n'est pas un statut, c'est une exigence forte.

L'auto-entreprenariat est un statut pour inciter les particuliers à lancer leur activité : simple comme un clic de souris, sans risque économique démesuré et adapté à tous les publics, actifs (salarié, agent du public) ou inactifs (demandeur d’emploi, retraité). Avec un dispositif aussi alléchant, doublé d’un plan marketing sans précédent, l’auto-entrepreneur a séduit, vite et beaucoup. Cette forme d’emploi a été lancée pour favoriser la lutte contre le travail dissimulé, participer à la baisse du chômage et relancer la création d’entreprises en pleine crise économique.

L’auto-entrepreneuriat a été stimulé depuis 3 ans par son régime fiscal. Plus de 40 000 auto-entreprises sont créées chaque mois. Mais ne sont pas pour autant actives : une majorité d’auto-entrepreneurs seraient dormants. Dés le départ, sur les 322 000 auto-entrepreneurs déclarés en 2009, seuls 145 000 ont déclaré un chiffre d’affaires, et cette activité est très modeste : 6300 euros en moyenne, soit à peine 525 euros par mois. Pas de quoi subvenir aux besoins d’une personne (encore moins d’un foyer) et pourtant 60% d’entre-eux déclarent exercer cette activité à titre principal. Loin de l’image idyllique, l’auto-entreprenariat est donc loin d’apporter toutes les promesses affichées lors de sa création.

Nous approchons aujourd'hui du million. Les nouvelles formes d'emploi sont des opportunités aux professionnels suffisament armés et formés. Car l’auto-entreprenariat représente difficilement une solution économique viable. Pire que cela, il peut être utilisé par des employeurs peu scrupuleux pour ne plus payer de charges sociales. L’auto-entrepreneur fait alors le même travail qu’un salarié, il est même parfois utilisé pour le remplacer, mais il ne bénéficie plus d’aucune protection sociale. Plus largement, les nouvelles formes d'emploi doivent être bien encadrées par la loi. Elles doivent être limitées, car elles participeraient à la dégradation du marché de l’emploi en plaçant les personnes concernées dans des situations de dépendance économique vis-à-vis d’employeurs ou d’intermédiaires qui loueraient leurs services à des entreprises.

 

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