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Acteur d’une sortie de crise, autrement

06 juin 2010

Les cadres et les managers sont en première ligne. Tribune libre de Jean-Paul Bouchet, pour le 47ème congrès de la CFDT.


Les enseignements de la crise n’ont pas été tirés: spéculation sur les places boursières, démesures des rémunérations de dirigeants de grandes entreprises, distribution de bonus qui repart de plus belle. Ce qui fait dire à de nombreux citoyens   « rien n’a changé, c’est reparti comme avant ».  La formule « sortie de crise » ressentie comme une injure par ceux qui ne s’en sortent pas renvoie à une seule amélioration de la situation économique,  mais en aucun cas à une sortie « autrement » de la crise avec de nouvelles règles du jeu.

Dérives de toutes natures, dépassements de lignes jaunes, tous les décideurs ne pourront pas dire qu’ils ne savaient pas. Entre ignorance, inconscience ou prise de risques en toute connaissance de cause, cette crise est aussi celle de la responsabilité.

Les cadres, les managers, partout dans le monde, sont en première ligne dans les situations de tensions, de dilemmes professionnels lorsqu’ils sont témoins de ces dérives. Jamais la distance avec les directions d’entreprise n’a été aussi grande.  Lorsque l’injonction de faire percute une éthique personnelle, des valeurs, y compris pour les managers adhérents à la CFDT et porteurs de nos propres valeurs, de quelle liberté d’expression, de quel droit de retrait, de refus ou d’alerte, de quelles marges de manœuvres disposent-ils ?

La prévention des risques passe par la négociation collective des dispositifs d’accueil et de traitement des alertes professionnelles, en s’appuyant sur les droits existants et la légitimité des IRP.  Notre engagement dans le syndicalisme international au sein d’UNI Global Union (création d’un code d’éthique et de responsabilité des professionnels et managers fixant 10 conditions d’exercice de la responsabilité) et d’EUROCADRES pour un management européen responsable participent de la même volonté de prévenir les risques de toutes natures.  

Les salariés ne demandent rien d’autre qu’à redevenir acteurs, là où la gestion les a petit à petit dépossédés de leurs marges de manœuvre, de leurs leviers d’action, rien d’autre que de retrouver des perspectives, un après-demain qui fasse sens, qui éclaire l’horizon, rien d’autre que de s’épanouir dans leur travail et que soient réunies les conditions d’exercice de leur responsabilité professionnelle prenant mieux en compte la finalité économique et sociale, les enjeux d’un développement durable. Ils ne demandent pas mieux dans leur responsabilité d’experts, de managers ou d’encadrement d’équipes que de créer les conditions pour leur équipe d’un mieux être au travail.

Les entreprises et administrations ne peuvent rester sourdes à ces demandes. Le syndicalisme ne peut non plus les ignorer. Pour que l’on puisse demain entendre autour de nous des salariés nous dire « effectivement, ce n’est plus comme avant », et encore mieux, ajouter «  et j’y suis un peu pour quelque chose ». Quelle formidable perspective !